Monday, December 6, 2010

Contrerime XX

This poem is subtitled Amarissimes

Est-ce moi qui pleurais ainsi
-Ou des veaux qu' on empoigne-
D' écouter ton pas qui s' éloigne,
Beauté, mon cher souci ?

Et (je t' en fis, à pneumatique,
Part, - sans aucun bagou)
Ces pleurs, ma chère, avaient le goût
De l' onde adriatique.

Oui, oui : mais vous parlez de cri,
Quand je repris ma lettre
Grands dieux... ! J' aurais mieux fait, peut-être
D' écrire à son mari.


Was it I who bawled
Like a wrangled calf
My beauty, my better half
Hearing your fading footfall?

(I sent you a note – and did
I spew any bile?)
You cried just like a crocodile,
Being perfectly candid.

Then you call me a louse
When I retrieve my letter.
Ye gods…! I would have done better,
To write to her spouse.

Notes:
Amarissimes: Neologism formed from Latin amarissimae superlative signifying Very bitter; cf Amarissimo, Italian adjective, superlative of amaro: Very bitter.

Bagou: Bavardage volubile où entrent de la hardiesse, de l'effronterie et l'envie de duper l'interlocuteur :
1. Tout en parlant ainsi, avec cette facilité de paroles de la femme et de la Parisienne qui s'appelle bagou dans le langage de Paris, les yeux de Madame Mauperin, (...), étaient machinalement tombés sur de la lumière remuée par les mains de l'abbé...
E. et J. DE GONCOURT, Renée Mauperin, 1864, p. 75.

2. Hugues Le Roux. Dès qu'il arrive, il parle (...). À seize ans il devait avoir ce bagout éloquent. Tout de suite il a trouvé tout ce qui le compose, idées, parole, décoration. Il ne progresse pas, et il ne vieillira pas. Il a l'air invraisemblablement jeune et noué. Il ne bouge plus.
RENARD, Journal, 1898, p. 461.

The fourth line in verse one, Beauté, mon cher souci is an echo of François de Malherbe :

Beauté, mon beau souci, de qui l'âme incertaine
A, comme l'Océan, son flux et son reflux,
Pensez de vous résoudre à soulager ma peine,
Ou je me vais résoudre à ne le souffrir plus.

Vos yeux ont des appas que j'aime et que je prise,
Et qui peuvent beaucoup dessus ma liberté;
Mais pour me retenir, s'ils font cas de ma prise,
Il leur faut de l'amour autant que de beauté.

Quand je pense être au point que cela s'accomplisse
Quelque excuse toujours en empêche l'effet;
C'est la toile sans fin de la femme d'Ulysse,
Dont l'ouvrage du soir au matin se défait.

Madame, avisez-y, vous perdez votre gloire
De me l'avoir promis, et vous rire de moi;
S'il ne vous en souvient, vous manquez de mémoire,
Et s'il vous en souvient, vous n'avez point de foi.

J'avais toujours fait compte, aimant chose si haute,
De ne m'en séparer qu'avecque le trépas;
S'il arrive autrement, ce sera votre faute
De faire des serments et ne les tenir pas.

Contrerime XIX

This poem is subtitled Rêves d' enfant.

Circé des bois et d' un rivage
Qu' il me semblait revoir,
Dont je me rappelle d' avoir
Bu l' ombre et le breuvage ;

Les tambours du Morne Maudit
Battant sous les étoiles
Et la flamme où pendaient nos toiles
D' un éternel midi ;

Rêves d' enfant, voix de la neige,
Et vous, murs où la nuit
Tournait avec mon jeune ennui...
Collège, noir manège.


Circé of shore and glade,
I seem to see again,
With whom I thought to drain
The potion and the shade;

The drums of Maudit Hill
Beating under the moon
In the heat of an eternal noon
Our sails hang, still;

A child’s dreams, the snow’s spell,
Walls where the nights’ decrees
Nurtured my green unease…
School, bleak carousel.

I am indebted to Peter Cogman for the following comment:
"I think it's an interpolation in 'la flamme d'un éternel midi' (in turn for 'un éternel midi flamboyant' - PJT liked nominal turns) in which the sails of a boat he's on are hanging down because there is no wind. Elliptical and brief; but you end up with two lines night, with both sounds and stars, and two lines midday, with light, heat and no wind, and an implicit sea in both. I hadn't thought about int much before, but the more you look, the more there is (typical PJT!)."

Steinmetz notes: Nos toiles : les « voiles » sont devenues « toiles » car il n’y a pas de vent.

And of course Collège, noir manège is an allusion to the various establishments from which a fractious Toulet was sent down.

Contrerime XVIII

Géronte d' une autre Isabelle,
A quoi t' occupes-tu
D' user un reste de vertu
Contre cette rebelle ?

La perfide se rit de toi,
Plus elle t' encourage.
Sa lèvre même est un outrage.
Viens, gagnons notre toit.

Temps est de fuir l' amour, Géronte,
Et son arc irrité.
L' amour, au déclin de l' été,
Ni la mer, ne s' affronte.

Old man,
What earthly use
Is being honorable
With this flirt?

The tease is laughing at you
As she leads you on.
Her very lips are an insult.
Come on home.

It is time to shun love, old man,
And his peevish bow.
Tackle neither love, nor the sea
At summer’s end.

In one of Toulet's stories, Geronte is married to the much younger Isabelle.
This is an allusion to Légataire Universel of Jean-François Regnard, staged in 1708, where Geronte, old and ill, berné par son entourage falls for Isabelle who marries him for his fortune despite her feelings for someone her own age. Eraste, nephew of Geronte cannot marry her unless he makes him his Légataire Universel

Contrerime XVII

D' un noir éclair mêlés, il semble
Que l' on n' est plus qu' un seul.
Soudain, dans le même linceul,
On se voit deux ensemble.

Près des flots aux chantants adieux
Dinard tient sa boutique...
Ne pleure pas : d' être identique,
C' est un rêve des dieux.


Fused by a dark streak,
one is no longer unique.
In the shroud, out of the blue
one becomes two.

By the waves of farewells fading
Dinard keeps trading…
Don’t cry: to be the same
Is the gods' dream.

I have no idea what Toulet is getting at in this poem. Some clue might be provided by the suggestion (by Steinmetz) that Toulet was thinking of Bis repetita placent deis.
I can find no source for this Latin tag; there is a line in Horace, Ars Poetica line 365, which states: haec placuit semel, haec deciens repetita placebit. (This pleases just once, that gives pleasure even if ten times repeated.)

Tristan Derème compared these lines with those in Mallarmé's sonnet Tristesse d’été: Nous ne serons jamais une seule momie/ Sous l’antique désert et les palmiers heureux.
The entire sonnet reads:

Le soleil, sur la table, ô lutteuse endormie,
En l’or de tes cheveux chauffe un bain langoureux
Et, consumant l’encens sur ta joue ennemie,
Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.

De ce blanc Flamboiement l’immuable accalmie
T’a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux,
« Nous ne serons jamais une seule momie
Sous l’antique désert et les palmiers heureux ! »

Mais ta chevelure est une rivière tiède,
Où noyer sans frissons l’âme qui nous obsède
Et trouver ce Néant que tu ne connais pas.

Je goûterai le fard pleuré par tes paupières,
Pour voir s’il sait donner au cœur que tu frappas
L’insensibilité de l’azur et des pierres.


We are a country of extreme heat. The shy Mallarmé has disappointed his wife by his timidity. She concludes that they will never be One. Sous refers both to Mallarmé, and for concision to the ancient desert. Antique - this adjective is synonymous for Mallarmé with the ancestral therefore the eternal. The word heureux is placed dismissively at the end of the line - it actually relates to us. Mallarmé unites the idea of happiness with the idea of being a mummy. The inability of man to achieve happiness - "We will never be a single mummy in the desert and under the palms, we will never be happy."

Mallarmé wrote this sonnet at Tournon in 1864, when he was 22. He had no taste for the life of a school teacher that exhausted him physically and mentally, and prevented him from devoting himself entirely to poetry. Financial worries were piled on the drudgery of his job, and he was separated from his friends. He lived in an apartment that was too small with his wife and newborn daughter Genevieve. Mallarmé spent most of his nights trying to write, but he was depressed and on the verge of a nervous breakdown.

As for Dinard, a seaside resort 4 kilometres east of St-Malo on the left bank of the Rance estuary, On November 2nd, 1909, Toulet wrote to Debussy : « Dinard est agréable, mais un peu éventé :les gens aussi…. Mais j’ai été au Mont-Saint-Michel. C’est beaucoup mieux que le boulvevard du même nom »


Contrerime XV

En souvenir des grandes Indes,
Harmonieux décor,
La Rafette nourrit d' accord
Un paon et quatre dindes.

Et l' on croirait - tous ces échos
Gloussants, l' autre qui grince -
D' un préfet d' or, dans sa province,
Borné de radicaux.


This poem follows on the theme of the previous one. A free translation:

At La Rafette
Can be found this odd quintet:
(A souvenir of India, if quirky)
One peacock and four turkeys.

Accents gobbling and grating,
Such is the baiting,
It’s as if a posh snob
Were being heckled by the mob.